« Combattre l’oubli, même après nous. » Georges Séguy.
Alors que Le Pen, invité du Grand jury RTL-LCI- Le Figaro dérapait une nouvelle fois, chasser le naturel, il revient au galop, en déclarant entre autre : « Croire que Pétain était responsable de la persécution des juifs est une pensée scandaleuse… », Georges Séguy, ancien secrétaire de la CGT répondait à une interview du journal l’Humanité du 24 avril 2010 dans une démarche parfaite du devoir de mémoire à l’égard de tous les déportés et notamment des résistants dont il faisait partie.
Déporté à 17 ans, l’ancien responsable de la Confédération Générale du Travail soulignait la nécessité de ce devoir de mémoire, à la veille du 65 ième anniversaire de la libération des camps nazis.
Entretien :
Qu’est ce qui a conduit votre déportation ?
Georges Séguy : « J’ai été arrêté par la Gestapo, à Toulouse, où je travaillais dans une imprimerie clandestine, pour les organisations communistes, puis pour la résistance du Sud-Ouest. Je suis partie le 26 mars 1994 vers Mauthausen en Autriche. 60 heures sans boire, sans manger, sans voir le jour. Ce fut l’un des moments les plus tragiques de ma déportation. Quand j’entends la chanson de Jean Ferrat : « Nuits et Brouillard », je me retrouve dans ces horribles wagons plombés.
Comment avez-vous dépassé l’horreur de cette expérience ?
Georges Séguy : « Quand je suis rentré, j’étais traumatisé. Mais j’avais 18 ans, et j’ai repris goût à la vie. Ainsi, je respectais le serment que j’avais fait au moment de la libération du camp : poursuivre la lutte contre toute atteinte à la liberté, pour la paix, pour l’amitié et la solidarité entre les peuples.
Pensez-vous que les leçons sont tirées ?
Georges Séguy : « Je me suis toujours demandé comment les homme ont pris du plaisir à torturer leurs victimes jusqu’à la mort. Ils étaient convaincus de servir une cause, planifiée depuis longtemps dans « Mein Kampf… » Preuve que le fanatisme, quelle que soit son origine, peut dégénérer en haine, en barbarie. Mais, même au pire moment, la dignité nourrissait la solidarité qui était la nôtre : l’amour de la vie est plus fort que toutes les désespérances.
Comment perpétuer cette mémoire quand le dernier témoin direct aura disparu ?
Georges Séguy : « C’est vrai que nous sommes de plus en plus rare. Mais la mémoire constitue un devoir de notre histoire nationale et humaine qu’il faut à tout prix préserver de l’oubli, même après nous. Il faut rappeler l’épopée de la Résistance, mais aussi les mécanisme de l’histoire. Un exemple : nous approchons du 70 ième anniversaire du Conseil National de la Résistance ( CNR ), créé dans le but de libérer le pays. Même de Gaulle a reconnu que c’est cet événement qui a fait que la France a été considérée comme une nation libre, indépendante et victorieuse aux côtés des Alliés. Et, cette histoire, rares sont les manuels scolaires qui en font état.