Retraites : Du catastrophisme à l'état pur.

Publié le par pc.duclos.cuers

woerth retraiteL'épouvantail du COR

Editorial par Parick Apel-Muller dans l'Humanité de ce jour.

 

L’épouvantail est l’homme de paille du jardinier et le rapport du COR celui de Laurence Parisot ou de Nicolas Sarkozy.

Les prévisions financières vont être détaillées dans une seule perspective  : faire peur aux salariés et truquer les termes du débat. Les trois scénarios dessinés par cet organisme nommé par le pouvoir ensevelissent l’opinion sous une avalanche de déficits pour imposer le report de cinq ans du départ effectif à la retraite, c’est-à-dire au-delà de soixante-six ans en 2020 et soixante et onze ans en 2050  ! Les hypothèses étant fondées sur l’état de crise actuelle, sur le maintien du chômage à un niveau très élevé et surtout sur le dogme patronal de l’impossibilité d’améliorer la participation patronale, un film catastrophe est produit au service de la déclaration d’Éric Woerth  : « Il y a un sujet sur lequel évidemment le gouvernement n’est pas ouvert, c’est l’augmentation des prélèvements. »

Pas touche aux revenus financiers, aux spéculations boursières, aux stock-options ni aux dividendes versés aux actionnaires  ! Tous sont pourtant ponctionnés sur les fruits du travail  ! Et ces bons apôtres prétendent agir dans l’intérêt des générations futures alors qu’ils le foulent au pied, en refusant de taxer les fortunes.

Parmi les ressources laissées en friche par le COR, plus de 30 milliards d’euros figurent dès cette année… Il s’agit des allégements de cotisations sociales consenties au patronat. Mais il est un nouveau dogme devant lequel le gouvernement voudrait que tous s’inclinent  : c’est aux salariés et à eux seuls de financer leur retraite, comme si les pensions n’étaient pas des salaires socialisés par le jeu de la répartition.

Voilà qui permet d’exclure le patronat de ceux qui seront sollicités et à Laurence Parisot de réclamer toujours plus de sang et de larmes… pour les autres.

Rien d’étonnant à ce que, pour 71 % des personnes interrogées par Opinionway pour l’Institut de France, le mot « capitalisme » évoque quelque chose de négatif et que 77 % des Français considèrent que la croissance économique ne bénéficie qu’à un petit nombre, que ces bénéficiaires sont, pour 87 % des sondés, les actionnaires, tandis que les deux tiers voient dans les salariés les principales victimes du système. C’est vrai  ! Et le dossier des retraites, tel que le gouvernement voudrait le boucler et le bâcler en quelques semaines, en apporte confirmation en un temps où les profits atteignent des records, même écornés par les soubresauts économiques, pour les géants du CAC 40.

Le droit à la retraite à soixante ans constitue une véritable conquête sociale qu’un pays, qui a doublé en quelque trente ans les richesses qu’il crée, a la possibilité de financer.

Alors que les États-Unis commencent à peine à mettre en place un système de protection sociale, la France en a mis un au point qui contredit le principe de « la concurrence libre et non faussée », qui isole chaque salarié face aux multinationales. 58 % des personnes interrogées dans le sondage déjà cité sont persuadées qu’on peut « inventer mieux » que ce système capitaliste « imparfait » à leurs yeux. Raison de plus pour ne pas en abandonner les prémices, la retraite à soixante ans pour tous avec des pensions convenables.

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