Bruno Le Maire : ministre de quoi et de qui ?...

Publié le par pc.duclos.cuers

Par Gérard Le Puil, auteur de : Planète alimentaire, l'agriculture française face au chaos mondial ( Pascal Galodé Editeurs, 17 euros )

Extraits :
L'empressement de Bruno Le Maire à faire payer aux paysans français tout ou partie de 500 millions d'euros réclamée par la commission de Bruxelles est stupéfiant....
Il s'abstient de regarder de plus près les distorsions de concurrence permanentes engendrées par le mammouth enrobé de mauvaise graisse bureaucratique qu'est devenue la Commission. Car, s'il souhaite défendre les maraîchers et les arboriculteurs français, le ministre de l'Agriculture dispose d'une bonne batterie d'arguments.
Quand les premiers versements, aujourd'hui contestés ont commencé en 1992, les producteurs français de fruits et légumes étaient confrontés à la concurence de deux pays ( l'Espagne et l'Italie ) qui venaient de dévaluer leur monnaie pour être plus performants à l'exportation.
Quand d'autres aides ponctuelles ont été versées plus tard à des coopératives de stockage ou pour financer des politiques de retraits de produits du marché, ce fut toujours dans des circonstances de crise aigue et d'effondrement des cours....En aucun cas, ces aides n'ont servi à enrichir les paysans qui perdaient tous de l'argent.
Quand des étés difficiles se sont succédés...ils résultaient presque toujours de politiques d'importations pilotées par la grande distribution...Le seul but rechercher était de faire baisser les cours à la production et d'augmenter les marges des distributeurs...La lourde responsabilité des grandes surfaces dans le pillage du travil des paysans est un fait...
Mais la politique agricole européenne produit aussi des distorsions de concurrence. Durant de longues années l'Espagne a bénéficié d'énormes sommes sous formes de fonds structurels européens dont beaucoup on été uilisés pour construire des serres...des systèmes d'irrigation et des outils logistiques performants de gestion et de transport...Il en résulte aujourd'hui des gains de productivité conjuguables au phénomène de la main d'oeuvre à bas coût...
Tout ces fonds sont assimilables à des distorsions de concurrence en faveur de ce pays.
Depuis que la directive Bolkestein a été amendée et votée par une majorité de députés européens, dont ceux de la majorité droite française et d'une majorité de sociaux-démocrates européens, plusieurs pays de l'Union améliorent leur compétitivité en faisant travailler des immigrés d'Europe centrale avec des contrats précaires, aux conditions du pays d'origine...
Pour peu qu'il en ait la volonté politique, le gouvernement français a donc la possibilité et les moyens de défendre ses agriculteurs face aux diktats de la Commission européenne...Dans un environnement où, depuis que Mariann Fischer Boel est commissaire à l'agriculture, la main invisible des lobbies de l'agrobusiness transparaît plus que jamais à la lecture des directives et des projets de réformes...



Publié dans politique nationale

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