Congrès du Parti de Gauche : Jean-Luc Mélenchon revêt l’habit de présidentiable.

Les 700 délégués du congrès du PG ( 10% des adhérents ) viennent de clôturer leur deuxième congrès.

Désormais, l’organisation est codirigée par Martine Billard ( ex Vert ) et Jean-Luc Mélechon ( ex PS ). Cette mise en retrait de la part de J-L Mélenchon caractérise t-elle sa volonté de revêtir un costume de présidentiable pour représenter le Front de Gauche lors de l’élection de 2012 ?...Dans les startings blocs  la " Mélenche " ?...

A voir son empressement à l’égard de ses partenaires PCF, Gauche Unitaire, FASE et M’pep qui viennent de demander d’entrer au Front de Gauche, il semblerait que oui, d’autant qu’au PG qui n’a que trois ans d’existence, 7000 adhérents et 290 comités locaux sur le territoire français, personne n’imagine un autre scénario.

Lui qui déclare être « le bruit, la fureur, le tumulte et le fracas »  et ses camarades qui le présentent comme un héros solitaire menant combat contre « la classe politique oligarchique », devraient mettre, si conseil peut être donné,  mettre une pincée d’humilité dans leur assurance, même dans les moments de congrès passionnés et parfois irrationnels. Attention à la vénération du héros.

Tout ceci est émouvant, mais il n’est pas le seul à être désireux de délivrer les forçats et de ce battre contre  le géant capitaliste, à ne pas confondre avec un moulin à vent…Dans cette lutte antagoniste contre le capitalisme prenons garde à ne pas être des Don Quichotte…abandonnés au combat solitaire…

Que pensent les congressistes du PG et leurs 7000 adhérents des 140 000 adhérents du PCF, des ses milliers d’élus(es) de ses structures historique implantées solidement de partout en France ?...Que pensent-ils des 12% de français qui lui font confiance pour changer la société radicalement comme vient de le publier un sondage récent de l’Humanité dimanche ?...Les considèrent-ils comme des porteurs d’eau, des fantassins de campagne, des faire valoir ?...Ont-ils intégré que c’est grâce au PCF et à Marie-Georges Buffet, ce que reconnaissait J-L Mélenchon que le Front de Gauche a pu devenir réalité, une autre offre politique populaire pour des millions de Français ?...Ont-ils intégré qu’il faudra compter avec lui ( le PCF ) pour construire un projet alternatif et désigner le candidat commun qui le portera ?...Sont-ils prêts à accepter que ce ne soit pas l’un des leurs ?....

Alors que Jean-Luc Mélenchon revête son habit de présidentiable n’est pas un problème, bien au contraire car l’émulation ne peut être que positive.

Mais qu’il arrête son rêve de voir dans le Front de Gauche «  un parti mouvement se rendant disponible pour la fusion et le dépassement de ses composantes. »

Les communistes ont déjà répondu à cette question par la négative. En effet, si le combat commun doit se poursuivre pour créer un nouvel espace anticapitaliste à gauche pouvant générer un espoir majoritaire dans le pays, il n’est pas question pour autant de mettre les identités et les racines de chacun sous l’éteignoir.

A mon avis, ce combat doit être dirigé contre la droite qui enfonce chaque jour un peu plus des millions de nos concitoyens dans la souffrance sociale. Pour le  gagner, le Front de Gauche doit s’ouvrir et tendre la main à tout le peuple de gauche désireux de changement réel et y compris à ceux d’entre lui qui pouvaient voter PS par réflexe utilitaire au premier tour d’une élection.

Il s’agit là de l’unique façon de gagner en puissance et de mener campagne sur nos propositions, sans taire les différences mais sans tomber dans le piège que serait un positionnement stérile purement anti socialiste.

Ceci ne signifie pas qu’il faille taire les différences , les divergences parfois importantes sur nos approches sociétales. En fait, la critique doit amener à la réflexion sereinement et à l’adoption des propositions révolutionnaires portées par les partenaires du Front de Gauche et de sa principale composante : le PCF.

Seule une démarche politique fédératrice  pourra faire avancer les solutions à la crise, les porter en apposition plutôt qu’en opposition en mettant toujours les citoyens au centre des décisions et des choix de société, en leur faisant comprendre que la seule primaire y compris à gauche réside dans le premier tour des élections, tout les reste n’étant que mise en scène, subterfuge et échappatoire.

Sur tous ces points, l’analyse du PCF est un peu différente du celle du PG qui paraît pointer le PS comme un ennemi incontournable. C’est compréhensible, le divorce est encore frais.

Alors, certes, nous voyons bien qu’au sortir de son congrès, le Parti de Gauche de Jean-Luc Mélenchon est en ordre de bataille pour 2012. Nous voyons bien qu’il voudrait bousculer le calendrier pour désigner un candidat sans même attendre le congrès des communistes qui se déroulera au deuxième trimestre 2011.

A mon avis, ce serait brûler les étapes et oublier que la stratégie du PG n’est pas isolée, mais qu’elle repose sur celle du Front de Gauche et de tous ses partenaires..

Alors, pas d’OPA politique sur quiconque, pas de personnalisation à outrance, mais de la patience, de la discussion et du collectif !!

Par ailleurs, précisément en Haute Garonne, André Chassaigne en appelait très justement à « l’intelligence collective ».

Le député PCF ( meilleur score aux régionales de 2010 )  l’a fait à l’occasion de l’université d’automne du PCF de Haute Garonne qui réunissait 250 adhérents.

Candidat lui-même à la candidature Front de Gauche, André Chassaigne est très clair lorsqu’il déclare : « la moralité n’existe pas dans le capitalisme » et « Sarkozy et les siens sont les représentants d’un terrorisme financier. »

C’est en faisant ce constat qu’il propose de « faire appel à l’intelligence collective à partir du vécu et des luttes » pour permettre aux Français de se réapproprier la vie politique.

Lui, l’artisan de la loi anti OGM prône une écologie articulée sur la question sociale car comme il le dit : « Ce sont en général les plus démunis qui souffrent le plus souvent des questions environnementales. » et ceci se vérifie dans de nombreux domaines : habitat, transports collectifs, nourriture, santé, éducation, condition de vie et de travail, énergie, eau etc…

Enfin, pour l’élu PCF « il ne faut pas tomber dans le débat présidentialiste entre pro-Mélenchon ou pro-Chassaigne, mais dans son esprit et je le partage avec lui, c’est le projet qui définira le profil de la candidature de celui qui conduira le Front de Gauche. 

Qu’en pensent nos amis et camarades du PG qui viennent de clôturer leur congrès ?...

Pour ma part, je serai derrière celui qui aura été désigné pour conduire le Front de Gauche, pour changer le rapport de force à gauche, pour gagner en 2012 et faire sortir la France de l’Institution de la Vième République.

Jean-Marie Bernardi.